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NOUVELLE RESTAURATION
à
L'Eglise de TORSAC
La Vierge à l'Enfant
Cartapesta
(Carton romain)
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Restauration réalisée par Mademoiselle
Bénédicte
LEBLANC
Diplômée de l'école de Tours, restauratrice de sculptures
Les Roses 37230 FONDETTES |
IDENTIFICATION
Matière employée : Carta pesta (papier mâché)
Dimensions :
Hauteur : 101
cm socle compris
Largeur :
34,5 cm
Profondeur 31,5 cm
Datation :
XVIIIme siècle
DESCRIPTION
la Vierge se présente debout, tenant l'Enfant dans ses
bras. Elle est vêtue d'une robe et un manteau drapé, noué sur sa hanche
sénestre, retombe sur ses hanches.
Elle est coiffée d'un long voile posé sur sa tête et retombant dans son
dos.
L'Enfant est revêtu d'un pan drapé du manteau de la
Vierge qui lui couvre le bas des hanches et le haut des cuisses.
La sculpture est fixée sur un socle en bois d'environ
5cm d'épaisseur.
Quatre vues de la
statue avant restauration |
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Probablement à
la suite d'une chute le bras dextre de la vierge a été cassé en plusieurs
morceaux. Seuls certains morceaux ont pu être retrouvés.
Il manque une grande partie de l'avant bras , l'extrémité des
doigts de la main senestre de l'Enfant et en partie les doigts de la main
dextre de la Vierge. |
TRAITEMENTS :
Divers traitement ont été réalisés pour une désinsectisation et traitement
antifongique. Une consolidation a été réalisée localement où le papier
mâché s'effritait. Il est procédé à un dépoussiérage, un nettoyage et un
fixage de la polychromie.
RESTAURATION :
La doublure intérieure en feuille de papier mâché est recollée à la
carta pesta lorsque cela est nécessaire.
Les éléments manquants sont restitués. Il s'agit des morceaux
permettant de compléter le bras ainsi que les extrémités des doigts de la
main.
Les fentes sont bouchées avec deux enduits différents un les fentes
larges l'autre pour les plus fines.
Des retouches colorées sont réalisées localement à l'aquarelle sur les
bouchages, les remises à niveau de la polychromie et sur les restitutions. |
La statue après
restauration |
La description des
opérations de restauration est détaillée dans le rapport de Bénédicte LE BLANC
disponible à la
mairie de Torsac.
Les photos et les textes d'accompagnement ont été extraits de ce rapport.
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Annexe
au rapport d'intervention de Mademoiselle Bénédicte LE
BLANC
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Approche
technologique du matériau cartapesta, extrait de :
RACHEZ
Elise, Etude et restauration d'une cartapesta
polychrome du XVIme siècle,
diplôme de
fin d'étude, Ecole Régionale des Beaux Arts de Tours 1997.
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3.4 :
approche technologique
Pour désigner la cartapesta les auteurs utilisent en général le terme
italien. En français, on trouve aussi l'expression papier mâché ou
carton-pâte, en allemand papp-mache ou papiermasse, en
anglais, paper mache ou paper machie...
Cartapesta signifie littéralement papier mâché et
pressé : la carta était déchiqueté en morceaux qui étaient ensuite
broyés et mis à macérer plus ou moins longtemps dans de l'eau encollée ou non,
selon la recette, de manière à former une pâte que l'on pressait en fines
couches dans un moule. Cette technique évoque l'idée, confirmée par les
recettes, que la carta était toujours du papier de récupération.
Ce terme
est également utilisé pour des objets faits de couches de feuilles entières
collées et pressées les unes contre les autres.
La
carta
est du papier de guenilles, appelé aussi chiffon. Les cartapestas, au sens
strict du terme, sont donc composées de fibres exclusivement végétales, du lin
et du chanvre, plus rarement du coton, provenant des déchets de textiles et de
papier. Le papier de guenilles étant rare, et par conséquent de grande valeur,
nombre de recettes attestent l'ajout, avec un ou plusieurs liants, de fibres
animales, matériaux de moindre qualité.
Jusqu'au XIXème siècle les matières premières et la fabrication du papier restent
identiques. Nous traiterons ainsi des différents modes de fabrication des
cartapestas entre le XVème et le XIXème siècles, en étayant les recettes
d'exemples précis, afin de mieux comprendre la technique employée pour cette
oeuvre.
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La plus vieille recette de cartapesta est donnée dans le
livre d'art de Nuremberg écrit par une nonne entre 1470 et 1500 :
la cartapesta est composé uniquement de papier
chiffon c'est à dire du lin, du chanvre et plus rarement du coton, sans
ajout de colle.
Les fibres végétales sont macérées et pressées. Cette préparation
libère les forces d'adhésion (liaison H) propres aux fibres végétales. Ainsi,
elles adhèrent en séchant. Ce mode de fabrication, sans ajout de liant,
procure au matériau une cohésion réduite. Cette recette est donc réservée
aux objets de petite taille
Elle est répandue en Europe du Nord, surtout en Pays-Bas en Alsace
et en Rhénanie. Elle demeure inconnue dans les sources italiennes du XIVème
siècle, mais est attestée par les artisans de Toscane du XVème siècle, comme
Donatello, ses successeurs, et Neroccio du Landi. La tête d'homme attribuée
à Jacopo Sansovino, d'après une analyse menée au laboratoire de l'I.F.R.O.A.,
ne contient que des fibres de lin. |
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Une variante de la recette du livre d'art de Nuremberg,
présentée par Sincerus (1718), puis par Johann Melchior Cröcker (1719) consiste
à mélanger les fibres végétales avec de la colle animale afin d'obtenir
une meilleures cohésion, ce qui permet la réalisation d'objets plus grands.
La Madone à l'Enfant de Sansovino du Museo del
Genedese est composée de coton et de chanvre (ou de lin) mélangés à de la
colle animale. A défaut de colle animale, on pouvait utiliser de la colle
d'amidon avec des fibres végétales (lin ou coton) comme en témoigne l'analyse de
la Madone de Vérone de Donatello. (musée du Louvre) |
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- Une
troisième possibilité propose d'ajouter aux fibres un mélange d'huile et de
résine (avec une forte proportion de résine). Ce mélange permet l'emploi de
toutes sortes de fibres, en plus des fibres végétales citées précédemment,
comme de la paille, de la filasse ou de l'étoupe ou bien encore de fibres
animales, laine, cuir et poils... Cette recette correspond au procédé de
fabrication des
cartapestas décrites en Italie pour la première fois en 1681, dans le
vocabulario Toscano dell'arte del disegno par Baldinucci. |
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La quatrième et dernière possibilité consiste à mélanger des fibres
végétales et animales avec des charges minérales, comme la craie, le plâtre
ou l'argile, le tout additionné de colle animale, de résine ou d'huile de
lin. Ce type de fabrication peut atteindre la dureté et la solidité de la
pierre. Le mélange de ces charges forme une pâte plus grasse , facilement
modelable, qui permet d'obtenir tous les détails du moule.
Cette recette est connue en France au XVIIIme et XIXme siècles sous
l'appellation de carton pierre, en Allemagne dans le konversationslexicon de Pierer de 1892 sous le mot de
Pappe.
Cependant on connaît depuis 1991 une oeuvre datant du XVIme siècle appartenant à
cette catégorie : la Madone à l'Enfant de Jacopo Sansovino
conservé à Berlin est composée de fibres végétales additionnées de colle animale
et d'un mélange d'huile et de résine additionné de carbonate de calcium. |
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